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Introduction

 

 

Chère Marine,

 

Tu m’as confié le soin d’écrire quelques mots d’introduction à cet ouvrage polymorphe, ton « Objet Livresque non Identifié » France, île(s) aux trésors , et j’aborde cet exercice avec timidité, inquiète de parvenir à traduire ici l’intensité de ce que je ressens à parcourir ces pages magnifiques, la profondeur de ton message. Je vais tenter d’y mettre des mots et tu me pardonneras s’ils n’ont pas la densité et la profondeur que tu y as mises. Merci de ce cadeau.

Il me semble que cet ouvrage te ressemble tellement. Dans tes cartes marines, je retrouve la précision du geste de l’équipière « d’avant » lorsque nous régations ensemble. Efficace et économe dans la manœuvre, tu revenais te mettre au rappel et te glissais avec souplesse en passant tes jambes sous les filières, un œil sur le plan d’eau et déjà la prochaine manœuvre dans la tête. Et toujours le sourire.

Tu as dû en passer des heures au rappel pendant ces Tours de France à la voile, qui sont à la genèse de cet ouvrage ! Tu devais parler tactique avec l’équipage et nourrir la bonne humeur du bord de ton humour discret. Mais tu vivais sans doute aussi un voyage plus solitaire à contempler toutes ces îles, cailloux, archipels, qui constituaient autant de dangers à la navigation, que d’invitation au voyage et à la rêverie.

J’aime tes cartes marines au tracé délicat et tout autant les vues cardinales qui m’inspirent la nostalgie des instructions nautiques et des cartes en papier, dont le GPS n’a jamais remplacé la magie. Ces cartes étaient plus que des outils du marin, elles nous invitaient au voyage et nous donnaient l’illusion de posséder la science des grands explorateurs.

 

Au travers de tes natures mortes et de tes photos, je retrouve la Marine à la fois forte et fragile, minérale et végétale. Du reste, ton France, île(s) aux trésors cultive les contrastes. Le noir et blanc et la couleur, le trait droit de la photo incrustée dans l’esquisse du carnet de voyage, la roche immuable et l’éphémère d’un tapis d’algues entre deux marées.

En parcourant tes pages, je pense à ce voyage que tu as accompli à la façon d’un botaniste. Je t’imagine cueillant plus que ramassant laminaires, posidonie, coquillages, herbes sauvages ou galets, avec le souci de caractériser avec justesse le lieu jusque dans sa signature biologique et géologique.

Ici tu veux partager la richesse de la biodiversité, et tout autant l’époustouflante beauté de la nature y compris dans ces constructions éphémères. Là encore tu nous invites à ralentir et à prendre le temps de découvrir à notre tour les tableaux que nous offre la nature.

À ta manière douce mais pressante, tu nous dis qu’il faut agir pour préserver cette beauté. Mais tu nous invites aussi à prendre soin de nous, à nous nourrir de cette beauté, à nous émerveiller. Et nous propose des citations inspirantes, comme autant de phares pour éclairer les méditations que tu nous suggères.

 

Je me suis interrogée sur ton goût pour les acronymes, qui me paraissent si éloignée de l’artiste : « F.I.A.T. » pour France, île(s) aux trésors, « R.O.T.M » pour Regarde où tu marches, « O.L.N.I. » pour Objet Livresque non Identifié. Il me semble qu’ils traduisent ton souci d’inscrire tes productions dans une démarche cohérente, comme un programme que tu nous proposes, une autre façon de nous inviter non seulement à regarder, à nous émerveiller, mais aussi à tenter de comprendre et à agir. Pour exemple, tes photos de Porquerolles et Saint-Honorat. Au-delà de leur beauté, tu racontes la vie de la posidonie, cet herbier qui constitue un écosystème essentiel à la biodiversité marine en Méditerranée : verte et encore immergée, brune et fanée, elle forme au fil du temps, des strates qui participent à renforcer le cordon littoral.

 

Dans nos échanges, tu m’as écrit de bien jolies lignes que j’ai envie de partager ici, car elles illustrent l’ambition de cet ouvrage : « Quand je partage ces images et que je vois les réactions, je crois que cela peut inciter celles et ceux qui les parcourent non pas à s'en émerveiller, mais peut-être et à regarder le monde qui les entoure autrement, à considérer la sublime nature qui nous fait vivre avec davantage d'égards, de reconnaissance et d'intelligence, et peut-être à se repositionner autrement par rapport à la magie du vivant, à commencer par celle de sa propre existence... Parfois, quand si peu d‘esprits entendent les rapports du GIEC, je me dis qu'il faut vraiment faire feu de tout bois et peut-être que les arts et/ou la poésie peuvent apporter leur part d'énergie à nos besoins du moment... »

 

Merci Marine.

 

Catherine

Juin 2022

Catherine Chabaud : Ex Déléguée à la mer et au littoral, navigatrice, journaliste, membre du CESE, Catherine Chabaud est la première femme a avoir bouclé un tour du monde à la voile en course en solitaire sans escale lors du Vendée Globe 1996-1997. Aujourd’hui Députée européenne, elle œuvre avec d’autres à l’initiative citoyenne Ocean as Common, qui a pour objectif la reconnaissance au niveau des Nations Unies de l’Océan comme un bien commun de l’Humanité.

Regarde où tu marches - 1001 Saisons

© 2022 par France, île(s) aux trésors - Marine Gateff

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